Patrick White, Université du Québec à Montréal (UQAM) et Eddy Célestin, Universidade Federal da Fronteira Sul (UFFS)
La pandémie de Covid-19 a mis en lumière les lacunes des systèmes de soins de santé du monde entier. Mais elle a aussi stimulé la propagation de la désinformation.
Cette désinformation galopante a eu un impact considérable sur un pays d’Amérique du Sud en particulier : le Brésil. Cette situation est intimement liée à un personnage, en l’occurrence le président Jair Messias Bolsonaro. Depuis son arrivée au pouvoir, et même avant, dès la campagne présidentielle de 2018, la désinformation est devenue de plus en plus présente au pays.
Son domaine de prédilection sont les réseaux sociaux. Certains parlent même d’une épidémie de fausses nouvelles qui se serait emparée du Brésil. La pandémie de Covid-19 a exacerbé le phénomène. Le président Bolsonaro, connu pour son autoritarisme, ses attaques racistes, sexistes, homophobes et ses fausses accusations de corruption, utilise des tactiques de déstabilisation pour décrédibiliser l’approche scientifique dans le combat contre la Covid-19 et la vaccination.
Le bilan de cette approche est catastrophique, avec 21,6 millions de citoyens contaminés et 602 000 décès, en date du 14 octobre 2021. Il s’agit du deuxième pire bilan au monde après les États-Unis.
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Covid-19 au Brésil : comment Jair Bolsonaro a créé un enfer sur terre
Professeur de journalisme à l’UQAM, j’ai supervisé cet article rédigé par Eddy Célestin, étudiant finissant à la Licence en Sciences Sociales de l’Universidade Federal da Fronteira Sul/UFFS, au Brésil.
Climat de déni et faux remède
Au Brésil, le premier cas de Covid-19 a été diagnostiqué le 25 février 2020. En pleine période carnavalesque, le coronavirus a débarqué en Amérique du Sud. Dès le début de la pandémie, il régnait un climat de déni au plus haut sommet de l’État au Brésil.
Le 11 juin 2020, en direct sur Facebook, le président Jair Bolsonaro a encouragé ses partisans à entrer dans des hôpitaux et filmer l’occupation des lits, affirmant qu’il y avait eu une exagération concernant les informations à propos des décès de la Covid-19 dans le pays. Après cet appel de Bolsonaro, cinq députés de l’État du Espírito Santo ont envahi, le 12 juin, l’hôpital Dório Silva, dans la municipalité de Serra.
Or, encore aujourd’hui, selon les rapports de l’Agence brésilienne de renseignement (Abin), le nombre de cas de la maladie pourrait être huit à dix fois plus élevé que celui rapporté officiellement.
Allant beaucoup plus loin, le président a également ordonné à l’armée d’augmenter la production de chloroquine, sans tenir compte de l’absence de preuve scientifique de son efficacité, ainsi que de ses effets secondaires. Les experts avertissent en effet que l’utilisation de la substance ne doit pas se faire sans surveillance médicale directe, à cause de la gravité des réactions possibles. Parmi les effets secondaires, le médicament pourrait entraîner des complications cardiaques. Les études se sont multipliées pour mettre en garde contre les effets indésirables de cet antipaludéen en traitement ou en prévention du SARS-CoV-2.
Le 14 avril dernier, la revue scientifique Nature a publié un nouvel article indiquant un lien entre l’accroissement de la mortalité et le traitement des patients de la Covid-19 à l’hydroxychloroquine. Il s’agit d’une méta analyse, dont la méthode vise à compiler et synthétiser les résultats d’un grand nombre d’études médicales.
Les attaques se multiplient contre les journalistes
Avec à sa tête un président négationniste de la pandémie, le Brésil a battu en 2020 un record d’attaques contre les journalistes. Selon la Federação Nacional dos Jornalistas (Fenaj), il y a eu 428 attaques contre des journalistes. Parmi elles figurent des agressions verbales, physiques et virtuelles, la censure, l’intimidation, les menaces, le harcèlement judiciaire, les actes de discrédit de la presse et même des meurtres.
Parmi les causes de 76 attaques verbales ou virtuelles contre des journalistes, la Fenaj met en évidence des discours de Bolsonaro. En février 2020, par exemple, le président a faussement insinué que la journaliste du quotidien Folha de São Paulo, Patrícia Campos Melo, avait échangé des faveurs sexuelles pour obtenir des informations contre lui. Une attaque sexiste qui a suscité une condamnation généralisée à l’époque. Qu’à cela ne tienne, en mai, devant le palais d’Alvorada, Jaïr Bolsonaro a ordonné à un journaliste du même quotidien de « se taire ».
Les attaques contre les journalistes sont également plus fréquentes sur Twitter. Les profils automatisés représentent 20 % des attaques contre les représentants des médias sur ce réseau social au Brésil, en 2021, selon une étude de l’ONG Reporters Sans Frontières et l’Institut Technologie et Société de Rio (ITS-Rio).
Éduquer et réguler les contenus en ligne
L’une des solutions pour tenter de diminuer la désinformation dans le monde en général et au Brésil, en particulier, serait l’éducation civique aux médias. En d’autres termes, former des cybercitoyens éclairés, capables d’exercer leur citoyenneté dans une société de l’information et de la communication toujours plus complexe.
Une autre solution serait de réguler et encadrer les processus algorithmiques et autres outils des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) qui servent à calculer l’attention des internautes.
Mais l’un des défis est la difficulté d’arbitrer la « vérité ». Réguler les processus qui génèrent les fausses informations devient pourtant essentiel dans cet arbitrage. Mais les médias sont dans une crise financière permanente, et les habitudes de consommation changent. Il devient donc difficile d’envisager la régulation des contenus en ligne dans le but de prévenir ou au moins d’identifier et de rendre plus risquée la diffusion de fausses nouvelles.
Il existe heureusement des actions qui redonnent un peu d’espoir. En effet, YouTube a récemment retiré des vidéos de Jair Bolsonaro pour désinformation. C’est un début. Mais il faut davantage de volonté politique et de prises de position des grandes plates-formes comme Facebook, TikTok, YouTube, Instagram et surtout WhatsApp. Au Brésil, ce média est un grand vecteur de désinformation. Il faudra agir et aller plus loin pour tenter de raisonner les Bolsonaro de ce monde.
Patrick White, professeur de journalisme, Université du Québec à Montréal (UQAM) et Eddy Célestin, Assistant chercheur, Universidade Federal da Fronteira Sul (UFFS)
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
Per facilitare la lettura postiamo una traduzione effettuata con Google translator . Naturalmente il testo di riferimento rimane quello originale in lingua francese. Per vedere le foto che corredano l’articolo occorre leggere l’articolo originale. (editor)
La pandemia di Covid-19 ha messo in luce le lacune nei sistemi sanitari di tutto il mondo. Ma ha anche stimolato la diffusione della disinformazione.
Questa dilagante disinformazione ha avuto un enorme impatto su un paese sudamericano in particolare: il Brasile. Questa situazione è strettamente legata a un personaggio, in questo caso il presidente Jair Messias Bolsonaro. Da quando è salito al potere, e anche prima, già dalla campagna presidenziale del 2018, la disinformazione è diventata sempre più presente nel Paese.
Il suo campo preferito sono i social network. Alcuni parlano addirittura di un’epidemia di fake news che ha attanagliato il Brasile. La pandemia di Covid-19 ha esacerbato il fenomeno. Il presidente Bolsonaro, noto per il suo autoritarismo, attacchi razzisti, sessisti, omofobici e false accuse di corruzione, usa tattiche destabilizzanti per screditare l’approccio scientifico nella lotta al Covid-19 e alla vaccinazione .
I risultati di questo approccio sono catastrofici, con 21,6 milioni di cittadini infetti e 602.000 morti, al 14 ottobre 2021. Questo è il secondo peggior bilancio delle vittime al mondo dopo gli Stati Uniti .
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Professore di giornalismo all’UQAM, ho supervisionato questo articolo scritto da Eddy Célestin, uno studente laureato in Scienze sociali presso l’Universidade Federal da Fronteira Sul / UFFS, in Brasile.
Clima di negazione e falso rimedio
In Brasile, il 25 febbraio 2020 è stato diagnosticato il primo caso di Covid-19 . In pieno periodo carnevalesco, il coronavirus è sbarcato in Sudamerica. Dall’inizio della pandemia, al vertice dello stato in Brasile c’è stato un clima di negazione.
L’11 giugno 2020, in diretta su Facebook, il presidente Jair Bolsonaro ha incoraggiato i suoi sostenitori a entrare negli ospedali e filmare l’occupazione dei letti , sostenendo che c’era stata un’esagerazione riguardo alle segnalazioni di morti per Covid-19 nel Paese. Dopo questo appello di Bolsonaro, cinque deputati dello Stato di Espírito Santo hanno invaso, il 12 giugno, l’ospedale Dório Silva , nel comune di Serra.
Tuttavia, anche oggi, secondo quanto riferito dall’Agenzia di intelligence brasiliana (Abin), il numero di casi della malattia potrebbe essere da otto a dieci volte superiore a quello riportato ufficialmente.
Andando ben oltre, il presidente ha anche ordinato ai militari di aumentare la produzione di clorochina , nonostante la mancanza di prove scientifiche della sua efficacia, nonché dei suoi effetti collaterali. Gli esperti avvertono che l’uso della sostanza non dovrebbe essere fatto senza un diretto controllo medico, a causa della gravità delle possibili reazioni. Tra gli effetti collaterali, il farmaco potrebbe portare a complicazioni cardiache. Gli studi si sono moltiplicati per mettere in guardia contro gli effetti negativi di questo antimalarico nel trattamento o nella prevenzione della SARS-CoV-2 .
Il 14 aprile, la rivista scientifica Nature ha pubblicato un nuovo articolo che indica un legame tra l’aumento della mortalità e il trattamento dei pazienti Covid-19 con idrossiclorochina. Questa è una meta-analisi, il cui metodo mira a compilare e sintetizzare i risultati di un gran numero di studi medici.
Si moltiplicano gli attacchi contro i giornalisti
Con un presidente negazionista della pandemia alla testa, nel 2020 il Brasile ha battuto un record di attacchi contro i giornalisti. Secondo la Federação Nacional dos Jornalistas (Fenaj) , ci sono stati 428 attacchi contro i giornalisti. Includono aggressioni verbali, fisiche e virtuali, censura, intimidazioni, minacce, molestie giudiziarie, atti di discredito della stampa e persino omicidi.
Tra le cause di 76 attacchi verbali o virtuali contro i giornalisti, Fenaj mette in evidenza i discorsi di Bolsonaro. Nel febbraio 2020, ad esempio, il presidente ha falsamente insinuato che la giornalista del quotidiano Folha de São Paulo , Patrícia Campos Melo, si fosse scambiata favori sessuali per ottenere informazioni contro di lui. Un attacco sessista che ha suscitato una condanna diffusa all’epoca. Poco male, a maggio, davanti al palazzo Alvorada, Jaïr Bolsonaro ha ordinato a un giornalista dello stesso quotidiano di “tacere”.
Gli attacchi ai giornalisti sono anche più comuni su Twitter. I profili automatizzati rappresentano il 20% degli attacchi contro i rappresentanti dei media su questo social network in Brasile nel 2021, secondo uno studio dell’ONG Reporters Without Borders e dell’Institute of Technology and Society of Rio (ITS-Rio) .
Educare e regolamentare i contenuti online
Una delle soluzioni per cercare di ridurre la disinformazione nel mondo in generale e in Brasile in particolare sarebbe l’educazione civica nei media. In altre parole, formare cyber-cittadini illuminati, capaci di esercitare la propria cittadinanza in una società dell’informazione e della comunicazione sempre più complessa.
Un’altra soluzione sarebbe quella di regolamentare e supervisionare i processi algoritmici e altri strumenti di GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) che vengono utilizzati per calcolare l’attenzione degli utenti di Internet.
Ma una delle sfide è la difficoltà di arbitrare la “verità” . Tuttavia, la regolamentazione dei processi che generano informazioni false diventa essenziale in questo arbitrato. Ma i media sono in una crisi finanziaria permanente e le abitudini di consumo stanno cambiando. Diventa quindi difficile prevedere una regolamentazione dei contenuti online con l’obiettivo di prevenire o quanto meno individuare e rendere più rischiosa la diffusione di notizie false.
Per fortuna ci sono azioni che danno un po’ di speranza. In effetti, YouTube ha recentemente rimosso i video di Jair Bolsonaro per disinformazione . È un inizio. Ma servono più volontà e posizioni politiche delle principali piattaforme come Facebook, TikTok, YouTube, Instagram e soprattutto WhatsApp. In Brasile, questo mezzo è un importante vettore di disinformazione. Bisognerà agire e andare oltre per cercare di ragionare con il Bolsonaro di questo mondo.