Rebecca A. Drummond, University of Birmingham
Un « supermicrobe » du nom de Candida auris, un champignon pathogène, est en train de se propager rapidement dans les hôpitaux et les maisons de retraite des États-Unis. Au point qu’une alerte vient d’être diffusée par le CDC (Centers for Disease Control and Prevention).
Depuis la découverte du premier cas en 2016, ce micro-organisme s’est répandu dans la moitié des 50 États du pays. Selon un nouveau rapport, les infections qu’il cause ont triplé entre 2019 et 2021.
Mais les États-Unis ne sont pas les seuls concernés. Depuis qu’elle a été identifiée pour la première fois au Japon en 2009, cette levure a été découverte dans plus de 30 pays, parmi lesquels le Royaume-Uni, l’Inde, la Corée du Sud… et la France (dans une moindre mesure, actuellement).
Cette situation est extrêmement préoccupante, car l’infection par Candida auris est l’une des plus difficiles à traiter à l’heure actuelle : ce champignon est en effet résistant à de nombreux traitements fongicides.
Ce Candida est apparenté à d’autres types de levures qui peuvent entraîner des infections fongiques, comme Candida albicans – responsable du « muguet buccal » (reconnaissable à la prolifération blanchâtre locale de ce microorganisme sur la langue et les muqueuses). Candida auris est cependant très différent et, à certains égards, très inhabituel.
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Les dangereuses particularités de Candida auris
Alors que de nombreuses autres espèces de Candida aiment se développer dans nos intestins en tant qu’éléments du microbiote (la « flore intestinale »), ce n’est pas le cas de Candida auris, qui semble préférer la peau humaine. La peau des personnes ainsi « colonisées » peut excréter beaucoup de nouvelles levures, ce qui est à l’origine de la forte contamination de leurs vêtements et des surfaces alentour.
De ce fait, Candida auris peut être à l’origine d’épidémies, en particulier dans les unités de soins intensifs et les maisons de retraite, où, d’une manière générale, les personnes sont plus susceptibles de contracter des infections fongiques. Cette situation est inhabituelle, car généralement les infections fongiques ne se propagent pas d’un individu à l’autre.