Les entreprises accordent une attention variable aux différents objectifs de développement durable

En 2015, l’ONU a lancé 17 objectifs de développement durable (ODD) qui doivent être atteints d’ici 2030.
UN Ukraine/Flickr, CC BY-SA

Dante I. Leyva-de la Hiz, Montpellier Business School – UGEI et Carlos Raúl Sánchez Sánchez, Montpellier Business School – UGEI

Les entreprises sont aujourd’hui de plus en plus conscientes de leur rôle dans le changement climatique, et une multitude d’entre elles souhaitent améliorer leur rôle dans la société. À cet égard, l’ONU avait lancé une enquête à laquelle 12 000 entreprises de 160 pays ont participé, en plus d’autres acteurs tels que les utilisateurs, les clients, les ONG, etc. Avec ces réponses, l’ONU a créé en 2015 ce qu’on appelle les objectifs de développement durable (ODD), qui doivent être atteints d’ici 2030.

Les 17 ODD de l’ONU.
Wikimedia, CC BY-SA

Ces 17 ODD sont divisés en 169 objectifs spécifiques qui définissent une voie plus claire à suivre pour les gouvernements, les parties prenantes et les entreprises. Pour ces dernières, l’ONU ne force pas, mais« recommande »des actions à entreprendre par les grandes entreprises pour provoquer un changement mondial.

Sept ans plus tard, quel bilan ? Les entreprises prennent-elles bien en compte les orientations proposées par l’ONU ? Considèrent-ils ces objectifs de développement durable (ODD) comme pertinents ?

Sept ODD sans soutien clair

Pour tenter d’apporter des éléments de réponse, dans l’étude récemment publiée dans la revue Business Research Quarterly, menée par l’un des auteurs, nous avons conduit une recherche en utilisant l’indice Dow Jones Sustainability, qui est l’indice de référence mondial pour les questions sociales et environnementales.

Notre analyse montre que, si l’on s’intéresse à la réalisation des ODD, les entreprises ne s’intéressent pas de la même manière à chacun des 17 objectifs.

Plus précisément, les décideurs considèrent que 10 des objectifs proposés sont pertinents alors que les 7 ODD restants ne bénéficient pas d’un soutien clair.

Si on analyse les résultats par secteurs en les regroupant sur la base de la Global Industry Classification Standard (GICS), cela nous donne :

  • Seul 6 des 17 ODD sont considérés comme pertinents dans le secteur des services publiques d’énergie.
  • 2 sur 17 pour le secteur des matériaux-industriels.
  • 1 sur 17 pour les secteurs de la communication-informatique et financier-immobilier.
  • et finalement 7 sur 17 pour les produits de consommation.

L’image ci-dessous montre que la prise en compte des ODD n’est pas la même : les entreprises accordent une plus grande importance aux objectifs ODD 13 (Mesures de lutte contre le changement climatique), ODD 5 (Égalité entre les sexes), ODD 15 (Vie terrestre), et ODD 17 (Partenariats pour la réalisation des objectifs). Ce qui indique que la plupart des compagnies analysées ont développé des ODD qui sont en accord avec leurs intérêts.

En revanche, les moins considérés sont l’ODD 1 (Pas de pauvreté) et l’ODD 4 (Éducation de qualité). En d’autres termes, les entreprises leaders en matière de durabilité ne considèrent pas qu’il soit pertinent de prendre des mesures pour réduire la pauvreté ou améliorer l’éducation des citoyens. Cela semble indiquer que les entreprises considèrent que ces objectifs doivent être réalisés par les gouvernements et non par elles-mêmes.

En ce sens, la recommandation faite aux gouvernements est d’utiliser davantage de ressources pour atteindre ces objectifs spécifiques (ODD 1 et ODD4), tandis que les autres objectifs (tels que l’innovation, l’industrie, la consommation responsable, etc.) nécessitent une action moins urgente, car les entreprises se concentrent sur eux. De cette manière, une action complémentaire entre les entreprises et les gouvernements permettrait de mieux atteindre les objectifs de développement durable.The Conversation

Dante I. Leyva-de la Hiz, Professeur associé en management, Montpellier Business School – UGEI et Carlos Raúl Sánchez Sánchez, Professeur associé, Montpellier Business School – UGEI

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.