Pourquoi devient-on conspirationniste ?

Fonte TheConversation

Teodora Drob, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Un Américain sur trois croit qu’un « Deep State » (un État profond) travaille pour nuire à Donald Trump, tandis que 17 % répondent, dans un sondage récent, qu’il est vrai qu’un groupe satanique dirigeant un réseau de pédophiles tente de contrôler le monde politique et médiatique.

Une partie d’entre eux, formant le mouvement conspirationniste QAnon, ont la ferme conviction que l’ex-président Trump a été recruté par des généraux militaires en 2016, lors de son élection, pour défaire cette cabale composée principalement de démocrates.

Les croyances conspirationnistes comme celle-ci ne datent pas d’hier, et sont plus répandues qu’on ne pourrait le croire. Le Québec n’en est pas à l’abri, surtout depuis l’avènement de la pandémie de la Covid-19. Selon un sondage mené par l’Institut national de santé publique du Québec, plus du tiers des répondants (35 %) estiment que le gouvernement cache des informations importantes à propos de la pandémie.

Selon le psychologue social britannique Daniel Jolley, de l’Université Northumbria, à Newcastle, une sommité dans le domaine des théories conspirationnistes, ces dernières offrent des explications aux évènements significatifs en blâmant les actions secrètes d’acteurs malveillants, puissants et injustes.

Leur point en commun ? La subversion, c’est-à-dire le fait qu’elles contestent les explications officielles des évènements en pointant du doigt l’autorité et en offrant des explications alternatives.

Au départ un phénomène non significatif que l’on pouvait facilement ignorer, QAnon a cumulé, depuis 2017, des millions d’adeptes aux États-Unis et dans le monde, dont au Canada. La particularité de ce mouvement est le fait que ses membres commencent à sortir du monde virtuel en posant des actions concrètes, comme assaillir le Capitole en janvier 2021.

Comment se fait-il qu’autant de personnes adhèrent aux théories conspirationnistes, comme QAnon ?

Étudiante au doctorat en psychologie, je tente de comprendre ce qui pousse des individus à croire aux théories conspirationnistes et à adopter certains comportements extrémistes.

La (con)quête des conspirationnistes

Selon des chercheurs en psychologie sociale, les théories conspirationnistes combleraient plusieurs de nos besoins psychologiques. Une sommité des théories conspirationnistes, la Britannique Karen M. Douglas, de l’Université de Kent, a recensé avec ses collaborateurs en 2019, dans la revue savante Political Psychology, plusieurs études sur le sujet.

1) Une quête de sens

Les théories conspirationnistes peuvent offrir des explications larges et cohérentes permettant aux individus de préserver certaines croyances face aux incertitudes et aux contradictions en accusant les preuves contraires, notamment la science, de faire partie de la conspiration.

La recherche de la psychologue sociale Karen M. Douglas suggère que l’adhésion aux conspirations est plus forte lorsque le cadre sociopolitique est incertain et lorsque les personnes perçoivent des similitudes ou des tendances dans les évènements n’ayant pas de liens apparents entre eux.

Par ailleurs, les individus ayant une propension à croire aux phénomènes surnaturels ou paranormaux, et à surestimer leur capacité à comprendre des phénomènes complexes, sont davantage susceptibles d’adhérer fortement aux conspirations.

De surcroît, la croyance aux théories conspirationnistes permet d’apporter des explications aux évènements lorsque celles-ci s’avèrent incomplètes. Elles sont attrayantes pour les individus qui cherchent un sens et à qui il manquerait certains outils cognitifs leur permettant de le trouver à travers des explications plus rationnelles. Elles comblent donc ce qu’on appelle des besoins épistémiques.

2) Une quête de contrôle

Les êtres humains, en tant qu’individus autonomes et membres de la collectivité, ont besoin de se sentir en sécurité dans leur environnement et d’exercer un certain contrôle sur celui-ci.

Certaines personnes peuvent se tourner vers les théories conspirationnistes lorsque ces besoins sont menacés. Les individus ayant le sentiment de perdre le contrôle peuvent tenter de le reprendre en rejetant les récits officiels. En effet, la croyance aux théories conspirationnistes est associée aux sentiments d’impuissance et d’anxiété existentielle.

Dans le même ordre d’idées, des chercheurs ont trouvé un lien entre les croyances conspirationnistes, l’aliénation politique et l’anomie. Ce dernier concept réfère à l’absence de sentiment d’appartenance ainsi qu’à une certaine déconnexion de la société.

Ainsi, les théories conspirationnistes pourraient permettre aux individus d’accepter des problèmes sociétaux particuliers en les amenant à retrouver un certain confort psychologique qui était perdu. Elles comblent ainsi ce qu’on nomme des besoins existentiels.

3) Une quête d’une image de soi positive

Tous les individus entretiennent le désir d’appartenir à un groupe social et d’y maintenir une image de soi positive. Les théories conspirationnistes peuvent ainsi servir à valoriser le soi et le groupe social d’appartenance en mettant le blâme des évènements négatifs sur les autres.

Par ailleurs, les théories conspirationnistes peuvent être attirantes chez ceux et celles qui ont une moins bonne image d’eux-mêmes. Une étude a démontré que les membres de groupes qui se sentent dévalorisés, en raison de leur origine ethnique ou de leur revenu, par exemple, sont plus susceptibles d’endosser des théories conspirationnistes.

Il est également possible que ces dernières donnent l’impression aux individus d’être en possession d’informations rares et importantes que les autres n’ont pas, augmentant ainsi leur estime de soi. Les théories conspirationnistes peuvent donc combler des besoins sociaux.

Des théories négatives

Les besoins épistémiques, existentiels et sociaux sont-ils réellement comblés à travers les théories conspirationnistes ? Pas nécessairement.

Des études préliminaires suggèrent que les théories conspirationnistes engendrent davantage de frustration en ce qui concerne ces besoins psychologiques, puisqu’elles présentent des caractéristiques allant à l’encontre de ces derniers.

Par exemple, elles suscitent généralement des émotions négatives, par leur nature contrariante et spéculative. Elles représentent également le public comme étant ignorant et à la merci de pouvoirs inexplicables, et lui attribuent des traits antisociaux.

En bref, elles sont négatives et incitent à la méfiance. Une étude a démontré qu’être exposé à des théories conspirationnistes mine la confiance envers le gouvernement et engendre par ailleurs un sentiment d’impuissance.

Le rôle des convictions politiques

L’idéologie politique à laquelle nous adhérons semble jouer un rôle dans notre façon de percevoir le monde et d’interpréter les évènements. En effet, des chercheurs ont observé que certaines convictions politiques sont plus fortement associées aux croyances conspirationnistes que d’autres.

Ces croyances sembleraient plus fortes dans les extrêmes politiques (droite et gauche), bien que plus dominantes dans la droite. Ceci peut être expliqué par le fait que les individus de droite semblent prédisposés à entretenir une pensée « noir ou blanc », encourageant une vision conspirationniste. Ainsi, ces personnes semblent vivre un sentiment d’insécurité ainsi qu’un besoin de gérer l’incertitude à travers des croyances simples.

Lors de sa création, le mouvement QAnon regroupait principalement des républicains d’extrême droite et de fervents partisans de Donald Trump, perçu comme leur sauveur. Les convictions politiques sembleraient donc jouer un rôle clé dans l’adhésion à ce mouvement.

Il arrive également que les opposants politiques aient tendance à s’accuser entre eux d’être impliqués dans des conspirations et de poser des actions malveillantes.

Tant dans l’attaque du Capitole que dans la gestion de la pandémie de la Covid-19, les conspirationnistes ont prouvé leur dangerosité. Afin de contrer ce phénomène qui prend de l’ampleur, la société doit répondre aux besoins psychologiques de ces individus en quête de contrôle, de sens et d’une image d’eux-mêmes positive.

Tenter de les persuader de l’irrationalité derrière leur pensée ne sera pas chose aisée. Cependant, l’élection de Joe Biden, en novembre 2020, a ravivé un brin d’espoir pour plusieurs ; après tout, le monde n’appartient pas (encore) aux conspirationnistes.La Conversation

Teodora Drob, Étudiante au doctorat en psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

============================================

Per favorire la lettura postiamo una traduzione automatica dell’articolo effettuata con google translator

 

Perché diventi un cospiratore?

Un americano su tre crede che uno “Stato profondo” stia lavorando per danneggiare Donald Trump, mentre il 17% risponde in un recente sondaggio che è vero che un gruppo satanico che gestisce un giro pedofilo cerca di controllare il mondo politico e dei media.

Alcuni di loro, che formano il movimento cospirazionista QAnon , credono fermamente che l’ex presidente Trump sia stato reclutato dai generali militari nel 2016, quando è stato eletto, per sconfiggere questa cabala composta principalmente da democratici.

Credenze cospirative come questa non sono nuove e sono più diffuse di quanto si possa pensare. Il Quebec non ne è immune, soprattutto dall’avvento della pandemia di Covid-19. Secondo un sondaggio condotto dall’Istituto nazionale di sanità pubblica del Quebec , più di un terzo degli intervistati (35%) ritiene che il governo nasconda importanti informazioni sulla pandemia.

Secondo lo psicologo sociale britannico Daniel Jolley della Northumbria University di Newcastle, una delle principali autorità sulle teorie della cospirazione, le teorie della cospirazione offrono spiegazioni per eventi significativi incolpando le azioni segrete di attori malvagi, potenti e ingiusti.

Cosa hanno in comune? La sovversione, vale a dire il fatto che mettono in discussione le spiegazioni ufficiali degli eventi puntando il dito contro l’autorità e offrendo spiegazioni alternative.

Inizialmente un fenomeno non significativo che poteva essere facilmente ignorato, QAnon ha accumulato, dal 2017, milioni di follower negli Stati Uniti e nel mondo, compreso il Canada . La particolarità di questo movimento è il fatto che i suoi membri stanno iniziando a lasciare il mondo virtuale intraprendendo azioni concrete, come l’assalto al Campidoglio nel gennaio 2021 .

Come mai così tante persone credono alle teorie del complotto, come QAnon?

Dottorando in psicologia, cerco di capire cosa spinge gli individui a credere nelle teorie del complotto e ad adottare certi comportamenti estremisti.


Leggi anche: I predicatori ai tempi del Covid-19: complotti, guerre spirituali e cure miracolose


La (con) ricerca dei cospiratori

Secondo i ricercatori in psicologia sociale, le teorie del complotto soddisfano molti dei nostri bisogni psicologici. Una delle principali teorie cospirative, la britannica Karen M. Douglas, dell’Università del Kent, ha identificato con i suoi collaboratori nel 2019, sulla rivista scientifica Political Psychology , diversi studi sull’argomento .

1) Una ricerca di significato

Le teorie della cospirazione possono offrire spiegazioni ampie e coerenti che consentono agli individui di preservare determinate convinzioni di fronte a incertezze e contraddizioni accusando prove contrarie, compresa la scienza, di far parte della cospirazione.

La ricerca della psicologa sociale Karen M. Douglas suggerisce che l’adesione alla cospirazione è più forte quando il quadro socio-politico è incerto e quando le persone percepiscono somiglianze o schemi in eventi che non hanno un’apparente connessione tra loro.

D’altra parte, gli individui con una propensione a credere in fenomeni soprannaturali o paranormali e a sopravvalutare la propria capacità di comprendere fenomeni complessi, hanno maggiori probabilità di aderire fortemente alle cospirazioni.

Inoltre, la credenza nelle teorie del complotto rende possibile fornire spiegazioni per gli eventi quando si rivelano incompleti. Sono attraenti per gli individui che cercano un significato e che mancano di determinati strumenti cognitivi che consentano loro di trovarlo attraverso spiegazioni più razionali. Rispondono quindi a quelle che vengono chiamate esigenze epistemiche.

2) una ricerca di controllo

Gli esseri umani, in quanto individui autonomi e membri della comunità, hanno bisogno di sentirsi al sicuro nel loro ambiente e di esercitare un certo controllo su di esso.

Alcune persone possono rivolgersi a teorie del complotto quando questi bisogni sono minacciati. Gli individui che sentono di perdere il controllo possono tentare di riconquistarlo rifiutando le narrazioni ufficiali. In effetti, la credenza nelle teorie del complotto è associata a sentimenti di impotenza e ansia esistenziale.

Allo stesso modo, i ricercatori hanno trovato un legame tra credenze cospirative, alienazione politica e anomia. Quest’ultimo concetto si riferisce all’assenza di un sentimento di appartenenza così come ad una certa disconnessione dalla società.

Pertanto, le teorie del complotto potrebbero consentire agli individui di accettare particolari problemi sociali portandoli a ritrovare un certo conforto psicologico che è stato perso. Rispondono così a quelli che chiamiamo bisogni esistenziali.

3) La ricerca di un’immagine positiva di sé

Tutti gli individui hanno il desiderio di appartenere a un gruppo sociale e di mantenere in esso un’immagine positiva di sé. Le teorie del complotto possono quindi servire a valorizzare il sé e il gruppo sociale a cui si appartiene attribuendo agli altri la colpa degli eventi negativi .

D’altra parte, le teorie cospirative possono essere attraenti per coloro che hanno un’immagine di sé inferiore. La ricerca ha dimostrato che i membri di gruppi che si sentono svalutati, a causa della loro etnia o del loro reddito, ad esempio, hanno maggiori probabilità di sostenere teorie cospirative.

È anche possibile che questi ultimi facciano sentire le persone come se avessero informazioni rare e importanti che gli altri non hanno, aumentando così la loro autostima. Le teorie del complotto possono quindi soddisfare i bisogni sociali.

Teorie negative

I bisogni epistemici, esistenziali e sociali sono davvero soddisfatti attraverso le teorie del complotto? Non necessariamente.

Gli attivisti anti-vaccini prendono parte a una protesta contro il vaccino obbligatorio a Londra, 19 settembre 2020. AP Photo / Matt Dunham

Studi preliminari suggeriscono che le teorie del complotto causano più frustrazione con questi bisogni psicologici, poiché mostrano caratteristiche che funzionano contro di loro.

Ad esempio, di solito evocano emozioni negative, per la loro natura fastidiosa e speculativa. Dipingono anche il pubblico come ignorante e alla mercé di poteri inesplicabili, e gli attribuiscono tratti antisociali.

In breve, sono negativi e incoraggiano la sfiducia. Uno studio ha dimostrato che essere esposti a teorie cospirative mina la fiducia nel governo e crea anche una sensazione di impotenza.

Il ruolo delle convinzioni politiche

L’ideologia politica a cui aderiamo sembra giocare un ruolo nel modo in cui percepiamo il mondo e interpretiamo gli eventi. In effetti, i ricercatori hanno osservato che alcune credenze politiche sono più fortemente associate a credenze cospirative rispetto ad altre.

Queste convinzioni sembrerebbero più forti negli estremi politici (destra e sinistra) , sebbene più dominanti nella destra. Ciò può essere spiegato dal fatto che gli individui di destra sembrano predisposti a intrattenere il pensiero “bianco o nero”, incoraggiando una visione cospirativa. Pertanto, queste persone sembrano provare una sensazione di insicurezza e il bisogno di gestire l’incertezza attraverso semplici convinzioni.

Quando è stato creato, il movimento QAnon ha riunito principalmente repubblicani di estrema destra e devoti sostenitori di Donald Trump, visto come il loro salvatore. Le convinzioni politiche sembrano quindi svolgere un ruolo chiave nell’adesione a questo movimento.

Succede anche che gli oppositori politici tendano ad accusarsi a vicenda di essere coinvolti in cospirazioni e di intraprendere azioni dolose.

Sia nell’attentato al Campidoglio che nella gestione della pandemia di Covid-19, i cospiratori hanno dimostrato la loro pericolosità. Per contrastare questo fenomeno in crescita, la società deve rispondere ai bisogni psicologici di questi individui alla ricerca di controllo, significato e un’immagine positiva di sé.

Cercare di persuaderli dell’irrazionalità dietro il loro pensiero non sarà facile. Tuttavia, l’elezione di Joe Biden nel novembre 2020 ha riacceso un po’ di speranza per molti; dopotutto, non tutti (ancora) appartengono ai cospiratori.